Ce n’était pas en tant qu’ancienne présidente que je suis intervenue lors de la plénière de BCN du mois d’octobre mais bien pour parler d’un sujet important pour beaucoup d’entre nous : le burn-out.
Devenue consultante du réseau Reconstruction Post Burn Out (RPBO*) en 2019, j’accompagne désormais des personnes touchées par le burn out vers une reconstruction professionnelle et un retour à l’emploi. Le réseau est présent partout en France et une permanence quotidienne est organisée pour répondre aux questions des personnes touchées comme à celles des aidants.
Lors de la plénière de BCN, l’échange fut riche face à un auditoire attentif et concerné. Tout d’abord, nous avons échangé autour du burn out : en effet, c’est quoi le burn out ?
Chacun d’entre nous a une idée mais parfois cette idée est préconçue et ne représente pas la réalité de la situation.
Le burn-out, ou épuisement professionnel, est un syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été correctement géré.
Cet épuisement se traduit par :
- un épuisement physique, émotionnel et mental
- qui résulte d’un investissement prolongé
- dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel
Pour l’OMS il s’agit d’un phénomène lié au travail qui se caractérise par la rencontre d’un individu dans une organisation de travail donné à un moment donné. C’est pourquoi tout le monde ne fait pas un burn out.
Il existe des facteurs de risques qui sont à la fois:
- liés à l’individu : manque d’autonomie, ne pas savoir fixer ses limites, avoir du mal à dire stop, perfectionnisme, perte d’estime, perte de sens …
- et à l’entreprise dans lequel cet individu évolue: organisation contrainte, compétition, management inexistant, absence de reconnaissance de la hiérarchie des efforts fournis…

C’est donc bien la rencontre à un moment donné de cet individu avec cette organisation qui conduit au burn out.
Le surinvestissement, la sur-sollicitation du corps et du cerveau va provoquer une inflammation chronique des zones cérébrales et va causer des lésions qui vont être sources de maladies (cancer, AVC, infarctus…). L’individu va passer par plusieurs phases de stress, cause de l’inflammation du tissu cérébral qui va à la longue contribuer à épuiser l’organisme. Le cerveau ne sait plus ce qu’il doit faire; il a perdu ses repères. Il va produire des hormones de manière désordonnée. Adrénaline, endorphines, cortisol… cocktail détonnant qui perturbe l’équilibre général du bien être. L’individu va connaître différents états émotionnels (anxiété, tristesse, hypersensibilité), comportemental (violence, repli, addiction), mais aussi un désengagement, ou une dévalorisation.
Il va subir, du fait de ce stress devenu chronique, une baisse de l’attention et une perte de concentration. Il va commettre des erreurs qu’il ne faisait pas avant. Ces troubles s’accompagnent souvent de douleurs, ou de perte de sommeil, ou anorexie, perte ou prise de poids, et une fatigue intense. Lorsque le corps ne peut plus absorber l’afflux de stress il va dire stop.
Il a commencé à le dire déjà mais les signes n’ont pas été entendus. Le corps craque, et tout s’effondre : impossibilité de se lever, black-out total sur la route, AVC, crise cardiaque pour les plus graves.

Il est alors urgent de s’arrêter !!
La seule solution est l’arrêt de travail
Face à une situation de burn out on ne reste pas tout.e seul.e, on ne se débrouille pas tout.e seul.e.
L’urgence est de s’éloigner du travail pour mettre son cerveau au repos. Le recours au médecin ou au psychiatre est la seule solution pour obtenir l’arrêt de travail. Cette période est nécessaire pour récupérer des forces et se reposer. Je le rappelle le burn out est un épuisement profond. Il convient donc de se reposer pour « guérir ».
Parallèlement un accompagnement pluridisciplinaire est souvent requis pour comprendre et avancer : psychologue, psychiatre, kiné, ostéopathe, sophrologue…. tout autre praticien qui fait du bien à la personne.
La méthode RPBO permet de comprendre pourquoi la personne a chuté, pourquoi elle a fait un burn out. Comprendre les raisons est important pour ne pas rechuter.
Cette méthode permet également de réfléchir à demain.
Quel avenir professionnel s’offre à soi ? Retourner au bureau ? Quand ? Partir de l’entreprise ? Pour faire quoi ?
Toutes ces questions font partie intégrante de l’accompagnement et de la reconstruction.
Le process de reconstruction pourrait prendre cette forme :

- 1/ arrêt de travail
- 2/ renouvellements de l’arrêt pour une plus longue durée
- 3/ se reposer
- 4/ prendre de la distance avec le travail
- 5/ envisager le retour au travail
- 6/ un retour accompagné et progressif : redonner confiance
- 7/ assurer un suivi et réfléchir à son devenir professionnel (poursuite dans l’entreprise, exercer les mêmes fonctions mais ailleurs, ou reconversion)
En conclusion, même si le burn out fait peur, on peut s’en sortir et retrouver l’entrain d’avant. Retrouver ses capacités cognitives, retrouver le plaisir de travailler.
On sortira différent, plus à l’écoute de soi et des signes avant coureurs que l’on n’aurait pas perçus avant.
La personne qui a vécu un burn out pourra lui dire « merci » car sans lui elle n’aurait peut être jamais osé être, OSER ETRE SOI !
Christine DAUTIN
consultante réseau RPBO, juriste en droit du travail
*RPBO : Reconstruction Post Burn Out réseau national fondé par Sabine Bataille, sociologue du travail qui a fondé le réseau et développé la méthode d’accompagnement.
Pour plus d’information http://www.rpbo.fr